Déclaration de l’UNSEN-CGT au Conseil Supérieur de l’Education du 20 mars 2008

Depuis dimanche, la seule réponse gouvernementale semble être «plus haut, plus vite, plus fort». On semble confondre devise olympique et message politique… Mais il semblerait que le boycott soit déjà à l’œuvre, au moins en matière politique !
L’actualité dans l’éducation, c’est bien sûr la disparition de 8 830 emplois d’enseignants et 11 000 postes au total, qui se concrétise localement, en particulier par des DHG qui cumulent heures supplémentaires et suppression de postes.
C’est aussi la poursuite de la généralisation des bacs pro 3 ans et la fermeture de nombreuses sections de BEP. Les actions de tous les personnels, des élèves et des parents se poursuivent dans les collèges et les lycées (motions, pétitions, refus de la répartition de la DHG, grèves…). Pour leur permettre de converger, la CGT Educ’action, avec le SNES, le SNEP, le SNUEP, SNLCFO et SUD, a appelé les personnels à la grève mardi 18 mars. Cette journée a exprimé aussi notre opposition aux préconisations du rapport Pochard et prolongeait la semaine de mobilisation dans l’enseignement professionnel, pour informer les parents, les jeunes et les élus.
Dans le premier degré, les mesures de carte scolaire - désastreuses dans bien des cas - sont "officialisées" après les municipales. Les déclarations de N. Sarkozy voulant remettre de "l’école dans l’école" prennent ainsi tout leur sens… En ramenant la durée hebdomadaire des enseignements à 24h pour la plupart des élèves sans réduire les obligations de service des personnels, en axant les programmes sur un "retour aux fondamentaux" et en introduisant une conception nouvelle de l’évaluation des enseignants, des élèves et des écoles, c’est une conception régressive et concurrentielle de l’école qui prévaut.
Pendant ce temps, salaires et pouvoir d’achat font l’objet d’un mécontentement général, en témoigne la cote de popularité du Président de la République et, semble-t-il, les résultats de dimanche soir !
Dans l'Education nationale, comme dans toute la fonction publique, la question des salaires reste entière en particulier pour les débutants.
Permettez-moi d’ouvrir une parenthèse sur ce dernier point. Il semblerait qu’on ne connaisse toujours pas la répartition par académie des postes aux concours du 1er degré. Le minimum de respect pour les candidats voudrait que cette incertitude cesse dans les plus brefs délais.
S’agissant de la répartition de la richesse, les résultats insolents de certaines entreprises, les turpitudes financières de l'UIMM et les spéculations boursières montrent que l'on pourrait faire beaucoup pour les revendications des actifs et des retraités.
Ainsi, les manifestations du 29 mars sur les retraites constitueront une nouvelle étape de la campagne d’information et d’action initiée par la CGT depuis plusieurs mois avec un écho particulier dans l’éducation.
Enfin, je n’oublierai pas dans un post-scriptum, M. Nembrini qui a semblé mettre en doute la légitimité de l’expression des organisations syndicales au motif des résultats des élections présidentielle et législatives. A l’issue des élections municipales, le Président est toujours président, la majorité parlementaire majoritaire, M. de Robien, ex ministre de l’Education, profite d’une retraite bien méritée et M. Darcos, toujours ministre, ne fait plus d’heures supplémentaires à Périgueux. Néanmoins les responsables politiques seraient bien inspirés de prendre en compte les objections et les propositions des organisations syndicales dont la légitimité et la représentativité ne sauraient être mises en cause dans le cadre de leur libre expression dans une République vivante. Cela pourrait faire l’objet d’un paragraphe dans un programme d’éducation civique et pas seulement en direction des élèves.

Philippe Péchoux UNSEN CGT