Communiqué de presse (13/01/09)
Les organisations syndicales CGT, FSU, Sud-Solidaires, CFDT, UNEF, après les graves incidents qui ont eu lieu cet après-midi, interpellent le président de la République, les élus et les citoyens du département de la Manche. Dans un pays démocratique, la plus aveugle violence policière s’est déchaînée sous nos yeux.
La manifestation organisée à l'occasion de la visite de Nicolas Sarkozy a rassemblé 5000 personnes dans les rues de Saint-Lô, dans l'ordre et dans le calme. Les organisations syndicales ont veillé, tout au long de cette journée, à canaliser les manifestants et à éviter toute provocation.
Durant
le rassemblement, cinq manifestants, dont quatre lycéens et un militant
de la CGT ont été
interpellés par les forces de l'ordre, sans qu'il y ait eu de leur part la
moindre violence ou provocation. A la dislocation du rassemblement, les
manifestants se sont rendus au commissariat pour accompagner une
délégation qui demandait à être reçue. Après une première charge sans
sommation, au gaz lacrymogène, les militants des organisations syndicales ont
formé un cordon pour éviter tout débordement. Les manifestants se sont ensuite
dirigés vers la mairie, pacifiquement, la tension baissant. Alors même que
notre délégation revenait d'une audience en préfecture, les CRS arrêtaient
plusieurs jeunes manifestants, suscitant la colère de leurs camarades. Les
forces de police ont alors directement chargé, frappant à de multiples reprises
des manifestants sans défense. Un autre militant de la CGT a été
pris dans l'échauffourée.
Les forces de police ont voulu procéder aussitôt à un contrôle d'identité.
Entouré par les militants, notre camarade a refusé de s'y soumettre
immédiatement, cette injonction étant une atteinte manifeste au droit de
manifester pacifiquement. Après que nous ayons tenté de négocier, les CRS ont
de nouveau chargé, s'en prenant avec violence à un groupe d'une trentaine de
personnes, d'où nous avions pris la peine d'évacuer tous les mineurs. Notre
camarade est ce soir détenu au commissariat de Saint-Lô.
Cette journée est à marquer d'une pierre noire dans l'histoire locale. Jamais
jusqu'ici notre ville n'avait été le théâtre de quelque violence que ce soit
lors de manifestations. La population a toujours fait preuve de flegme et d'un
grand respect de la légalité.
Le jour même où le président de la République
visite en coup de vent la capitale du département, la violence policière s'est
déchaînée dans toute sa brutalité sur des manifestants pacifiques.
Ce
soir, ce sont non seulement une dizaine de citoyens - dont deux militants de la CGT-
qui sont détenus injustement, touchés dans leur dignité et dans leur chair. Ce
sont aussi les libertés fondamentales qui sont bafouées par la police de M.
Sarkozy : droit de manifester, droit d'exprimer pacifiquement des opinions
et des revendications, droit de militer dans une organisation syndicale et de
faire grève.
La
violence policière qui, vue de notre département, pouvait passer pour un
phénomène lointain, nous touche aujourd'hui de plein fouet. Notre démocratie,
déjà bien mise à mal, est aujourd'hui malade : malade d'une brutalité
froide et aveugle devenue la règle ; malade de l'autisme d'un gouvernement
aux ordres du patronat ; malade enfin de l'intolérance d'un président
incapable d'admettre que 5000 personnes lui expriment leur défiance, alors que
seules quelques dizaines venaient le saluer.
Les organisations syndicales demandent la libération immédiate et sans
condition des manifestants détenus, ainsi que l'abandon de toute poursuite à
leur encontre. Elles demandent également qu'une enquête soit ouverte sans délai
sur la responsabilité de ces graves débordements policiers. Elles appellent
enfin toute la population à se mobiliser dès maintenant en vue du mouvement
national du 29 janvier prochain.
Le 13 janvier 2009